Chasse au renard blanc...

Conny et Neila sur mes talons, j'arrivai à l'écurie... les chiens, à qui j'avais fait renifler l'écharpe de Léanice s'agitaient en jappant... Ils semblaient m'exhorter à un peu plus de diligence.

J'avoues que j'étais fébrile et inquiet, mais, par réflexe, je prenais le temps de me préparer. Tout d'abord, pour gagner du temps, je pensai à ne pas seller Big Red, mais je me dis que si Léa était perdue et sans doute transie de froid, une chaude pelisse supplémentaire ne serait pas mal venue.

D'autre part, il me semblait opportun d'emmener un cheval supplémentaire. Aussi, je sellai Ban rapidement et fixai la pelisse au troussequin de la selle.

Je fis sortir les montures et enfourchai le rouan d'un élan souple. Puis, tenant Ban par la longe, je poussai les chevaux vers la route menant à Limoges. Ce chemin traversait le Domaine dans sa partie la plus large. Bien m'en prit. A moins de cent mètres, devant moi, une piste bien visible dans la neige se dessinait s'enfonçant à travers bois.

Au début de la piste, je mis pied à terre et fis à nouveau renifler l'écharpe aux deux chiens :

- Allez... cherchez mes amis... Cherchez votre maîtresse !....

Conny avait déjà compris ce que j'attendais de lui... Neila l'imitait à présent... Puis, tous deux se mirent à renifler le sol. Soudain, ils s'arrêtèrent sur la piste. Tous deux relevèrent la tête en reniflant bruyamment.
Je remontai prestement en selle... Déjà, les chiens, truffe au sol, trottaient le long de la piste... Je poussai les chevaux à leur suite... l'inquiétude me nouait le ventre... mais aussi la rage...

Que pouvait bien faire Léanice dans son état, à la nuit tombante dans les bois du Domaine ?...

Quelle excuse allait-elle me donner ?... Pourquoi ne m'avait elle pas prévenu de son "escapade" ?... La réponse était évidente : Je le lui aurais refusé !

Je considérais qu'elle m'avait désobéi. Elle aurait àme donner une bonne raison pour justifier cela... et Aldric ?... que signifiait son absence ?... Ils devaient être complices, j'en étais sûr...Ils allaient m'entendre !

J'avais déjà perdu une femme et un enfant lors d'un hiver maudit... je sentais une folie meurtrière m'envahir... Les inconscients !

Les dents serrées, je suivais les chiens...

La piste nous menait au plus profond de la forêt du domaine, une partie encore mystérieuse que je n'avais pas encore pris le temps d'explorer...On disait qu'il y avait là un Dolmen...

La neige était encore tombée... les traces, bien que visibles, étaient en partie recouvertes de neige fraiche... elle devait remonter à plusieurs heures à présent. Ce constat ne fit qu'accentuer mon inquiétude, je ne connaissais que trop bien les effets du froid sur les êtres... on ne sent pas venir la Mort... elle s'installe sournoisement, en douceur... et l'on s'endort dans ses bras comme dans un doux sommeil glacé...Quelle Horreur...

Je houspillai les chiens et pressai les flancs de Red afin d'accélérer l'allure... L'étalon avait de la neige jusqu'aux pâturons, les chiens bondissaient, la neige leur arrivait au ventre. Tous nous soufflions de grands nuages de vapeur exhalés de nos poumons en feu...

C'est presque au galop que nous débouchâmes dans cette clairière.

En son centre, sinistre et glacé se fressait une énorme pierre plate posée par quelque Titan sur quatre énormes moellons à demi enterrés : le Dolmen !

Immédiatement, je mis pied à terre. Il ne me fallut pas longtemps pour découvrir, posé sur l'immense dalle de pierre, la cape de Léa !... Ainsi, elle était venue ici ...

[ Suite au Dolmen ]

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