La chasse au renard blanc est ouverte

Aldric avait choisi de devenir tisserand. Quel métier formidable que de passer ses journées à prendre les mensurations de dames plus charmantes les unes que les autres et à leur confectionner des tenues d'un raffinement extrême mettant encore un peu plus en valeur leurs fameux attributs. Seulement voilà, il arrivait parfois qu'on lui demande de réaliser certaines commandes spéciales, qui nécessitaient des tissus particuliers ou encore des peaux, des fourrures très peu courantes ... Et c'était le cas aujourd'hui. San amie Leanice lui avait fait mander une cape toute particulière, sur mesure, toute en velours noir ; il mettrait probablement un velours cotelé, plus résitant ; et doublée d'une étoffe un peu plus épaisse et plus chaude. Mais la difficulté de cet ouvrage résidait dans le col de la cape ... Elle lui avait demandé un col bordé de fourrure de renard blanc ! Et il avait accepté ... ça va qu'on était encore en hiver.

Il se rendit donc, aussi couvert qu'il le put au seul endroit où il lui avait été donné l'occasion d'en appercevoir un, tout près du dolmen, au fin fond du domaine des McTyle, terrain qu'il commençait à connaitre comme sa poche, grâce à sa qualité de métayer. Il avait donc donné rendez-vous à sa patronne et amie tout près du mystérieux dolmen car elle tenait à participer à la traque de la bête.

Comment le lui refuser ? Et pis ça va être bien marrant j'sens ...

Aldric s'assit donc sur la pierre plate qui constituait le haut de l'édifice, autant pour ne pas faire de traces inutiles dans la neige que pour commencer à observer les alentours. Il n'y avait là que le silence, hormis le souffle d'une légère bise glacée dans les branches. la nature était si blanche qu'il en devenait difficile d'en percevoir le relief, et il faisait froid, terriblement froid, la chasse n'allait pas être aisée ... Le métayer commençait à se les geler ferme, et attendait impatiemment Lea tout en tremblant tout ce qu'il savait .

Brr ... m'en faudrais aussi une pour moi de cape tiens ...

J'étais arrivée non sans peine à m'eclipser du Manoir, assez difficile de détourner l'attention de mon tendre époux qui surveillait mes allées et venues .. je n'étais pas en sucre quand même et j'étais bien décidée à rejoindre Aldric prés du Dolmen où j'avais aperçu un renard blanc roder dans les alentours .. on allait enfin pouvoir le dépister .. j'aurai presque sauter de joie à l'idée d'un peu d'exercice ...

Chaudement vétue, une grand écharge sur la tête et ramenée en partie sur mon visage je me faufile doucement en direction des bois .. essayant de faire le moins de bruit possible en marchant dans la neige et évitant tout bois mort qui viendrait craquer sous mes pas et me faire repérer .. Aldric devait m'attendre sur la pierre, je me dépechai d'avancer ou il allait geler sur place ..

Enfin en vue du Dolmen, j'aperçu une silouhette assise et se frappant les bras des mains, je faillis éclater de rire malgré moi, il fallait être vraiment fou pour rester ainsi sans bouger .. je m'approchai doucement et lui fis un petit signe de la main .. tout en regardant de tous cotés prête à toute éventualité ..

Arrivée enfin à ses cotés, je sortis de sous ma cape une gourde et lui tendis ..

- j'espère que je n'ai pas été trop longue mais je ne voulais pas qu'on s'apercoive de mon absence .. tiens bois un peu de çà .. tu vas voir çà va te rechauffer ...

Al' attendait depuis un bon moment maintenant, il commençait sérieusement à ne plus pouvoir bouger ses extrémités, il entreprit donc de se réchauffer un peu en se frictionnant les bras quand il aperçut une silhouette emmitouflée approcher à pas de loup, agile et rapide. Surement Lea ... Un geste de la main de sa part confirma cette supposition. La bougresse avait bien mieux prévue de quoi tenir face au froid que lui. Il resta assis sans bouger jusqu'à ce qu'elle arrive à proximité du rocher.

j'espère que je n'ai pas été trop longue mais je ne voulais pas qu'on s'apercoive de mon absence .. tiens, bois un peu de çà .. tu vas voir çà va te rechauffer ...

Avant même de répondre, le chasseur perché sur son rocher porta son index à ses lèvres pour lui demander de chuchoter le plus bas possible. Puis, il se laissa glisser du caillou jusqu'à ce que ses pieds s'enfoncent doucement dans la neige, sans le moindre bruit. Une fois sur ses appuis, il ouvrit la bouche en laissant s'échapper un son à peine perceptible en regardant Léa, puis la gourde.

Si, t'as été longue, mais j't'en tiendrai pas rigueur, j'sais comment est mac, j'suis pareil avec Cathy... et puis je vois que t'as amené de quoi te faire pardonner.

Sur ces mots, il afficha un large sourire satisfait et s'empara de la gourde avant de la soulager de quelques lampées avant de s'essuyer la bouche et de rendre sa gourde à sa propriétaire. Il laissa un petit silence peser, comme pour contrôler la présence d'autres êtres vivants qu'eux deux. Mais il n'en était rien ... Il commença donc à expliquer tout bas ce qu'il savait sur les renards.

Alors, avant même de partir chasser, tu vas devoir apprendre deux ou trois petites choses... Premièrement, il faut que tu saches reconnaitre ses traces dans la neige

Il lui fit signe de se baisser pour observer de près une trace encore intacte dans la neige, au fur et à mesure qu'il lui montrait il la commentait.

La chasse au renard blanc est ouverte Renardneigevl6.th

La chasse au renard blanc est ouverte Renardneigevl6.th

Alors tu vois, les traces de renard sont assez différentes de celles d'un chien, qui sont plus rondes. Regarde, ici tu peux tracer un ovale tout autour de l'empreinte. Tu peux noter la présence de petites griffes. Fais attention, les pattes avant et arrières sont différentes, la patte antérieure est plus ronde, comme chez les chiens comme tu peux le voir sur cette trace, et la patte postérieure est plus fine et élancée, elle est venue recouvrir la première, c'est bien un renard qu'on a là, et un mâle adulte je dirais même, chez les jeunes et les femelles, ces deux traces sont moins différenciées.

Sur cette analyse précise, Aldric se relève et observe la piste créée par la série d'empreintes.

Regarde, la piste créée par les traces est longue et sinueuse, typique ça ... Mais attention, contrairement à ce qu'on peut croire, pister un renard dans la neige n'est pas ce qu'il y a de plus simple bien au contraire, étant donné qu'il a l'habitude de poser ses pattes postérieures dans l'empreinte des antérieures, ça peut brouiller plus ou moins les traces jusqu'à créer une ligne... et là, faut s'accorcher.
En général, les renards creusent des trous dans la neige pour s'abriter, ou alors ils cherchent des tanières déjà existantes, si on trouve ça, on pourra éventuellement tendre un piège, j'ai pris tout ce qu'il faut.
Et si on a l'occasion d'en voir un sorti, on peut toujours essayer de l'attraper à main nue, mais il vaudrait mieux ne pas avoir trop de vêtements lâches à ce moment là ... sinon tu va t'accrocher, c'est sûr.

Sur ce dernier conseil, le métayer sortit une bande de sa besace qu'il commença à enrouler partout où ses vêtements étaient un peu larges puis en tendit une à son amie.

T'es prête ?

J'attendai en silence, osant à peine respirer qu'Aldric est fini de se régaler avec le liquide ambré que j'avais conscieusement enfermé dans la gourde .. puis la repris et là remis à ma ceinture ..

Je le vis me faire signe de me baisser ce que je fis de suite, pour me montrer une trace de pas sur la neige, je n'avais rien remarqué pourtant je ne devais pas etre passé trés loin .. me disant que j'en avais à apprendre avant de nous lancer dans l'aventure j'écoutais attentivement ces explications ..
D'un doigt léger je caressai les contours de la trace de pas comme pour m'en imprégner, puis levait la tête pour m''apercevoir en effet qu'une bête était bien passée par là, on pouvait voir un tracé certainement encore frais se profiler au loin en direction du sous-bois, certainement le chemin menant à la tannière, celà n'avait rien à voir avec les pattes de Conny ..

Cette situation commençait à m'exciter de plus en plus j'avais hâte de partir à la découverte d'une chasse encore inconnue pour moi, mais quand Aldric me donna les petites bandelettes afin de serrer au mieux tout vetement pouvant gêner notre approche, je fis glisser ma cape pour lui montrer fièrement les petites bandes de cuir que j'avais déjà serré autour de mes braies .. j'avais en effet déjà employé cette façon de faire lors de la guerre afin de ne pas me prendre les pieds dans des vêtements trop larges .. et murmurai doucement ..

- tu vois j'y ai déjà pensé .. je lui fis un petit sourire complice .. oh j'ai pensé à autre chose aussi, je ne sais pas si c'est une bonne idée mais attends ..

Je pris ma besace et en sorti un paquet soigneusement ficelé que je défis tres doucement ..

- je t'avertis çà pue, mais j'ai entendu dire que ces bestioles adoraient la charogne, alors celà fait plusieurs jours que j'ai caché ce morceau de viande au Manoir en prévision de notre petite sortie, mais je te dis pas l'odeur ... tu crois que çà va nous servir ?

Lea avait écouté patiemment les observations d'Aldric sur les traces présentes dans la neige et il ne faisait nul doute qu'elle avait bien intégré la leçon. La dame était toute enjouée de partir chasser la bête, mais il ne faudrait pas que cette excitation perturbe sa concentration. Au moment où il lui avait tendu les bandes de tissus, elle avait dégagé sa cape pour laisser apparaitre un équipement semblable, elle était toute lacée de cuir.

Eh bien, c'est parfait tout ça ... mais dis moi, ça va te servir à rien tout ça si tu gardes ta cape ...

Et il sourit avant de l'aider à se dévêtir. Il déposa délicatement la cape sur le rocher avant d'inspecter la tenue de la dame. C'était parfait, force était de constater qu'elle avait de l'expérience dans la traque ... et pas de renard, de breton ... quelle situation amusante. Puis elle se mit à évoquer la présence dans sa besace d'un prétendu appât.

mm je vois, et bien qu'importe, de toute façon il nous a surement déjà senti... Le tout va être de garder ce morceau suffisamment loin de nous pour ne pas effrayer le renard. Bon, on a de la chance, l'hiver, c'est sa période de reproduction, donc il y a de fortes chances pour qu'il soit de sortie...

Al' demande à Léa de sortir le morceau de viande faisandé et l'accroche solidement au bout d'une corde qu'il avait prévu dans sa besace.

Bien, on est parés je crois, il ne reste plus qu'à déposer nos besaces et à s'élancer, moi je suis la trace et toi, tu ouvres l'œil ...

Sur ces mots, le métayer vint déposer sa sacoche au pied du dolmen, imité par Léa. Puis il s'engage à pas feutrés sur la piste de l'animal. Ses bottes s'enfoncent lentement dans la neige, avec un crissement à peine perceptible pour le commun des mortels, mais pour un rusé coquin, c'est une autre histoire ... La traque ne s'annonçait pas aisée, bien au contraire, de nombreuses autres empreintes venaient troubler notre pisteur et le bois s'épaississait fortement, il s'agissait maintenant de ne pas marcher sur la moindre brindille et de ne pas accrocher l'odorante cargaison qu'ils trainaient derrière eux dans une racine ou autre ronce. Le branches basses les obligeaient à avancer en se contorsionnant d'une manière qu'ils n'auraient pas cru possible. Ils continuèrent d'avancer péniblement quand un léger craquement se fit entendre. Les deux compères stoppèrent net leur progression et se figèrent tels deux statues, cherchant d'où pouvait bien provenir ce bruit. Après de longues minutes d'attentes, immobiles dans le froid, les deux amis allaient repartir quand le bruit se fit entendre à nouveau, accompagné par la sortie d'un bosquet d'une petite boule de poils blancs. Surpris par cette apparition, Aldric murmura à sa coéquipière

Arf, un foutu lapin blanc ... espérons que le renard ne se jette pas sur lui en priorité, sinon on peut revenir dans quelques jours...

La petite bête innocente ne tarda pas à continuer son chemin paisiblement, et les chasseurs en firent autant de leur côté, moins paisiblement assurément ... Il fallait toujours rester discret, les mouvements lents et le froid commençaient à engourdir leurs corps, à rendre toute réaction vive difficile, tout réflexe plus lent, et plus la traque durerait plus ça serait ainsi ... Ils continuèrent à progresser non sans difficultés à travers la nature sauvage, les branches, les ornières dissimulées sous la neige, les ronces, et les flocons qui commençaient à tomber doucement, et du même coup, à rendre les traces de moins en moins visibles.

Hâtons nous Léa, sinon nous n'aurons plus aucune chance de trouver son repaire ...

La neige dans les cheveux, sur les vêtements, l'humidité imprégnant les vêtements, et le froid glaçant les os, vraiment pas une partie de plaisir cette traque, mais bon, la fin justifie les moyens à c'qu'on dit. Alors ils continuèrent à suivre la trace s'effaçant petit à petit, pris de doutes de plus en plus souvent, hésitant même à rebrousser chemin pour ne pas se perdre. A force de suivre la ligne sinueuse dans la neige, ils arrivèrent dans une petite clairière, bordée d'un côté par une petite falaise et de l'autre par un bois impénétrable. Au sol, les traces avaient disparu... Ils étaient plantés là, avec l'impossibilité de continuer leur chemin et plus la moindre piste à suivre. La neige tombait allègement maintenant, ils étaient transis de froid. Ils prirent une minute pour se poser, dans le secret espoir de trouver le moindre petite indice de la présence d'un renard et la direction à emprunter pour le trouver. Leurs yeux parcouraient le moindre recoin de l'environnement quand Aldric aperçut près de la falaise, non loin du pied d'un arbre une tache sombre. Il prit le bras de Léa sans quitter son objectif des yeux et se mit à lui chuchoter en lui désignant l'endroit d'un geste de la main.

Hé ! Regarde là-bas, ça pourrais bien être une tanière ça ... approchons, nous en auront le cœur net.

Et d'un pas plus pressé, comme ravivés par cette découverte, il s'approchèrent du renfoncement. Un fois tout près, le métayer s'accroupit pour jeter un œil à l'intérieur... Rien ... ah si ... Il sortit une petite poignée d'os.

Surement des oiseaux, il est surement en chasse, il va revenir dans la journée, sans aucun doute

Et il se releva, sourire fier aux lèvres.

On a plus qu'à l'attendre

Eh bien, c'est parfait tout ça ... mais dis moi, ça va te servir à rien tout ça si tu gardes ta cape ...

Il avait raison, ma cape entraverait largement mes deplacements surtout si on devait s'enfoncer dans les bois, aussi là retirai-je et là lui donnai, il déposa celle-ci sur le rocher, accompagnée de nos sacoches .. heureusement que j'avais prévu un petit gilet en peau de mouton qui ne laissait pas passer cet air glacé qui vous glaçait la couenne .. mais je pris soin de conserver la gourde, son contenu ne serait pas de trop ..

- je ne sais pas si il nous a senti mais cette viande est d'une puanteur insupportable .. murmurai-je .. vas y je te suis comme ton ombre ..

Trés concentrée à ce que je faisais, je m'attelais à mettre un pied dans les empreintes des siens, épiant le moindre bruit autour de nous .. je remis mon écharpe bien serrée autour de ma tête afin de ne pas m'accrocher les cheveux aux branches des arbres qui devenaient de plus en plus touffus ..
Je faillis rentrer dans Aldric ne l'ayant pas vu s'arrêter net devant moi trop occupée à scruter les alentours ..

- oups .. héééé previens .. mais il me fit signe de taire et d'écouter .. ce que je fis le coeur battant, m'attendant presque à voir débouler sous nos yeux notre fameux renard .. un léger bruit .. un craquement dans les sous-bois non loin de nous me fit dresser l'oreille ..

Arf, un foutu lapin blanc ... espérons que le renard ne se jette pas sur lui en priorité, sinon on peut revenir dans quelques jours...

- ohhhhhhh qu'il est mignon ... oups pardon .. je le ferai plus promis .. mais je repris doucement .. avoues quand meme qu'il était beau avec sa petite queue toute blanche, si j'avais pu je l'aurai ramené au Manoir pour Haydée .. mais voyant Aldric froncer les sourcils, je me tus et continuai, obéissante, à le suivre .. un petit vent venait nous cingler le visage et le froid commençait à m'engourdir les mains et les pieds, mais courageusement je suivais sans relâche ..

Il se mit d'un coup à hâter le pas .. je le vis s'accroupir devant un trou et en fis autant, le regardant plonger sa main à l'intérieur pour en ressortir .. un tas de petits os .. je le regardai et avec un grand sourire ..

- tu crois que si nous nous cachons pas loin il va revenir dans sa maison ? .. ohhhh j'ai hâte .. tu sais il va bientot faire nuit je crois, nous avons une chance non ? .. et je n'ose même pas penser à ce que nous allons entendre quand nous rentrerons au Manoir .. j'étouffai un éclat de rire pensant à la tête que fera mon mari en nous voyant arriver ..

Après avoir suivi la piste pendant un long moment, les deux compères avaient fini par débusquer la tanière de la bête. Restait juste à trouver la bête elle même... Le jour commençait à baisser inexorablement comme l'avait fait remarqué très justement Leanice, et le renard étant un animal nocturne, il était possible qu'il revienne sous peu, mais également qu'il soit de sortie jusqu'au petit matin ... Ils n'avaient d'autre choix que d'attendre.

Tu crois que si nous nous cachons pas loin il va revenir dans sa maison ? .. ohhhh j'ai hâte .. tu sais il va bientôt faire nuit je crois, nous avons une chance non ?

Aldric commençait déjà à réfléchir à la meilleure manière d'appréhender l'animal.

Mmmm, oui peut être, les traces étaient fraiches, il doit encore revenir ici régulièrement, mais on peut très bien avoir à attendre jusqu'à demain matin tu sais ... le mieux qu'on aie à faire à mon sens est de lui tendre un piège et de le déclencher à distance le moment opportun. Nous avons la chance d'être en hiver, et cette tanière n'a pas été creusée sous terre, seulement dans la neige. Nous n'aurons qu'à faire s'ébouler la galerie une fois notre charmant petit col à l'intérieur ... puis à aller le cueillir tranquillement.

Le métayer se mit donc à réfléchir à un moyen de faire s'écrouler la construction depuis le bosquet situé à quelques mètres de là. Il s'assit longuement dans la neige, cherchant l'inspiration autour de lui. Ses yeux se posèrent tour à tour sur les arbres, les branches mortes, l'entrée de la tanière, la corde, la viande faisandée et la neige. Après un long moment de réflexion, il s'exclama

Tiens Léa, je crois que j'ai une idée ... tu pourrais me ramasser quelques branches mortes s'il te plait ?

Pendant que son amie allait lui quérir le bois, il s'empressa de détruire une partie du dessus de l'entrée de la tanière, en enlevant la neige jusqu'à découvrir le tunnel. Ses doigts étaient gelés à force d'être en contact direct avec la neige. Quand Léa revint avec les branches, il s'en saisit en la remerciant avant de les disposer à la place de ce qu'il venait d'enlever.

Bien, maintenant aide moi à recouvrir ces branches avec de la neige, et n'hésite pas, mets en le plus que le bois pourra supporter, il faut qu'une fois tombé, ce tas bloque l'entrée du tunnel.

Et ils s'activèrent ainsi pendant quelques minutes, au crépuscule, ils n'avaient plus qu'à jeter la viande au fond du terrier pour inciter le renard a rester cloitré chez lui et attacher les branches à l'aide de la corde. Une fois l'installation terminée, ils allèrent se dissimuler derrière un petit bosquet, d'où le trou était toujours bien visible.

Bon, alors deux petites choses, si on le voit, il nous suffira de tirer d'un coup sec sur la corde pour faire s'écrouler l'entrée du tunnel, puis il faudra aller le sortir le plus vite possible de là, des fois que la galerie mène à une autre sortie. Et deuxièmement, prends garde à toi, le renard transporte une maladie qui peut s'avérer très dangereuse pour l'homme, garde tes gants au cas où tu devrais l'attraper à mains nues...

Ah et pis une troisième chose en fait, refiles moi une peu de ton breuvage s'te plait, j'vais m'transformer en glaçon sinon ...

Toujours attentive aux ordres d'Aldric je suivais minutieusement ses conseils, nos gestes étaient surs et déterminés mais la nuit tombait vite, il fallait se dépêcher .. si notre proie était dans les parages c'était fichu ..

Tiens Léa, je crois que j'ai une idée ... tu pourrais me ramasser quelques branches mortes s'il te plait ?

J'allais vite ramasser le plus de branches mortes possibles et les déposai à coté de la tannière, attendant qu'Aldric ait fini de creuser .. puis le regardant disposer les branches au dessus du trou apres y avoir plongé la charogne, je l'aidai le mieux que je pouvais essayant de ne pas faire effondrer notre installation ..

Notre oeuvre terminé nous allames nous installer un peu plus loin à l'orée de la clairière, les fesses dans la neige derrière des buissons bien touffus mais qui ne nous cachaient pas la vue de la tannière, heureusement c'était pleine lune et nous avions l'entrée juste en face ... il avait meme pris soin de mettre un peu de neige sur la corde afin qu'elle passe inaperçue .. c'était rusé un goupil !!

J'écoutais les dernières recommandations d'Aldric et lui promis de ne pas enlever mes gants, je devais reconnaitre que cette situation m'exaltait au possible, je me voyais déjà sauter sur la bête et lui faire sa fête .. évitant d'écarter de mon esprit que çà allait être certainement la mienne en rentrant au Manoir ..

Ah et pis une troisième chose en fait, refiles moi une peu de ton breuvage s'te plait, j'vais m'transformer en glaçon sinon ...

Avec un grand sourire je portais ma main à l'attache de la gourde afin de lui donner, il n'avait pas oublié !!! mais un léger bruissement me fis tourner la tête .. et là j'en eu le souffle coupé .. les yeux ecarquillés et la bouche grande ouverte, mon premier geste fut d'attraper la manche d'Aldric et de tirer énergiquement dessus .. lui faisant juste un signe de tête afin qu'il regarde .. au milieu de la clairière .. éclairé par la lune .. IL était là .. plus beau et plus blanc que jamais ...

La chasse au renard blanc est ouverte Renard10

Oh gourde salvatrice ! Emplie de ton breuvage si délicieux, si fin. Comment auraient-ils tenu jusque là sans la boisson pour les réchauffer ? Ils auraient certainement déjà abandonné ou seraient morts, transis de froid.

Al' avait demandé une petite goulée à Lea qui s'était empressée de porter la main à sa ceinture pour se saisir de la fameuse flasque. Il avait les yeux rivés sur la gourde, tremblait tout ce qu'il savait et ne pensait qu'à une chose : boire pour se réchauffer. Si bien qu'il ne perçut pas le bruit qui alerta son amie. Il vit la main de la future maman s'arrêter à mi-chemin de la boisson et revenir pour accrocher sa manche qu'elle commença à agiter frénétiquement. Puis cherchant à décrypter ce comportement il leva la tête jusqu'à se rendre compte qu'elle lui faisait un signe du menton en direction de la clairière. Il tourna la tête en direction de ...

...

Il resta quelques instants bouche bée à regarder l'animal évoluer, c'était bien un jeune mâle, mais pas encore adulte, et sa fourrure était encore très bien fournie malgré la saison qui se terminait, d'une blancheur peu commune dans cette région, la plupart possèdent tout de même quelques tâches ... celui ci était parfaitement immaculé. Un chef d'œuvre en devenir bien qu'un peu jeune ... encore fallait-il l'attraper. Le métayer, une fois son observation terminée se tourna lentement vers Lea en articulant sans sortir le moindre son, ni même joindre le moindre geste.

Ne bou-ge plus ...

Et ils s'arrêtèrent ainsi, tels deux victimes de Méduse, ne bougeant plus d'un cil. Il regardaient attentivement l'animal se diriger vers sa tanière, en se réjouissant d'avance. Celui ci s'arrêta quelques instants devant l'entrée pour flairer quelque chose... Il n'y avait plus qu'à espérer que l'odeur de la viande faisandée prenne le dessus sur leur propres odeurs corporelles. C'est apparemment ce qu'il se passa. Le goupil décolla le museau de la neige et entra dans sa tanière, se léchant les babines. Aldric tenait la corde bien serrée entre ses doigts, attendant le moment propice au déclenchement du piège. Ce n'est qu'une fois que le bout de la queue de l'animal eut disparu dans la pénombre qu'il se décida à actionner le traquenard. Il saisit la corde à pleine main et sans ménagement tira un bon coup dessus. La corde vint, les branches suivirent, la neige s'effondra, la galerie était rebouchée, mais pas écroulée, le renard pouvait encore se mouvoir à l'intérieur, et donc creuser pour sortir...
Aussitôt son forfait accompli, le fourbe chasseur bondit hors de sa cachette en entrainant Leanice avec lui. Il ne fallait pas perdre de temps, ils coururent à perdre haleine jusqu'à arriver à la hauteur de l'éboulis.

Observe bien, maintenant faut l'trouver. Si tu vois d'la neige bouger, tu sautes dessus !

Comme tétanisée .. telle uns statue .. je ne bougeai plus hypnotisée par le spectacle que l'on avait sous les yeux, je n'y croyais plus .. quelle belle bête .. j'en avais plein les yeux .. cette fourrure aussi immaculée que la neige .. mais une étrange impression vint envahir ma conscience .. tout en fermant les yeux un instant prise d'un léger vertige, une image .. une image inhumaine .. morbide .. je voyais du blanc .. du rouge .. la mort .. la guerre .. les cris .. les larmes .. les enfants hurlant de tous cotes .. pourquoi tout me revenait en plein face pour un banal renard ..

Sortie de mon rêve macabre quand Aldric m'entraine avec lui en courant vers la tanière .. le renard pris au piège .. non .. le cauchemar revenait en force dans mon esprit .. je voyais la bête se debattre .. affolée .. je me sentais honteuse de mes pensées immorales, lâche .. oui je devenais lâche devant un combat inégal .. affalée devant la tanière je regardais mes mains .. puis Aldric .. puis mes mains .. pour revenir à Aldric et lui murmurait ..

- désolée .. je ne peux pas ... je ne pourrai pas le tuer .. je m'en sents incapable ..

La cape de Léa !... Par tous les Dieux... Elle ne s'en serait jamais séparée par un tel froid... Il lui était arrivé malheur !

Les chiens reniflaient autour du monument... ils semblaient avoir retrouvé la piste. En l'examinant attentivement à la lueur de la pleine lune montante, je pus constater que les pas de Léa se mêlaient à une autre piste moins récente. Des pieds d'homme. Immédiatement, je pensai à un enlèvement... Pour je ne sais quelle raison si sous quel prétexte, on avait donné ici rendez-vous à mon épouse sans doute pour l'enlever... Une rançon !... Bon sang... Une ombre rouge sang passa dans mes yeux... Une lueur de meurtre !
Ma bouche se figea en un rictus cruel... le guerrier se réveillait soudain en moi... non...pas le guerrier, le monstre assoiffé de sang que je devenais lorsqu'on touchait à ce que j'avais de plus cher !.. Je priai pour qu'il ne soit rien arrivé à Léa... les coupables agonraient dans leur sang, les tripes éparpillées dans la neige... j'en fis le serment !...

Je me relevai avec circonspection et fis le tour de la clairière du regard... Tout était calme et silencieux... d'un silence oppressant.

Perplexe, j'hésitais à me lancer sur les traces de Léanice et de cet homme sans précaution préalable. Je voulais être libre de mes mouvements. Je ramassai la cape de Léa et la posai sur la croupe de Ban, le brave animal réchaufferait le vêtement tout en étant protégé du froid. Je fis pareil avec ma pelisse sur la croupe de Red.

Je vérifiai que ma bâtarde sortait aisément de son fourreau et fis de même avec ma dague. Sous ma pelisse, je portais un épais mantel court fait de fourrure de mouflon. J'étais paré et libre de mes mouvements.

Après avoir attaché les chevaux à une branche basse, hors de vue, je m'avançai vers le début de la piste que les chiens avaient découverte.

A mi-voix, j'exhortai mes compagnons à poursuivre leur quête. et m'engageai silencieusement à leur suite dans le sous bois.

La corde avait entrainé dans son mouvement le tas de neige précédemment amassé à l'entrée de la tanière. Celui ci s'était écroulé comme prévu, empêchant désormais toute sortie de ce côté du tunnel. L'animal était fait comme un rat, du moins c'est ce qu'ils croyaient. Aldric avait intimé à Léanice l'ordre d'aller saisir le renardeau, elle qui avait des gants. Seulement voilà, pour une raison que le métayer n'arriva pas à expliquer, celle ci resta un long moment immobile, le regard dans le vague avant de faiblir et de répondre d'une petite voix :

- désolée .. je ne peux pas ... je ne pourrai pas le tuer .. je m'en sents incapable ..

Al' resta lui aussi un moment sans réagir, plus que surpris du revirement dans le comportement de son amie, avant de secouer la tête et de s'élancer en direction de l'amas de neige.

Merde Léa ! Il va nous échapper ! Qu'est c'qui t'prends ?!?

Et il se mit à creuser énergiquement, les doigts commençant à être couverts d'engelures et finit par s'apercevoir, un peu tard que le tunnel avait été recouvert, certes, mais qu'il ne s'était pas effondré. La galerie continuait apparemment sur quelques mètres en direction du nord. Il ne fallu pas longtemps au chasseur, bien que ralenti par le froid, pour en prendre conscience, il leva la tête pour observer l'autre extrémité de la tanière. Ses yeux restèrent rivés sur le spectacle, sa mâchoire se décrocha en un instant, le petit animal sortait la tête de la neige et se mit à courir sans même se retourner à travers le bois, dans sa partie la plus broussailleuse.

Al, de désespoir, se laissa tomber, les fesses dans la neige, puis, dans un long soupir, s'allongea en revoyant la scène encore et encore.

C'est pas possible ... on le tenait ...

Ne voulant pas y repenser plus longtemps, il se releva rapidement, ramassa la corde et, tout en l'enroulant à la manière des marins, il s'adressa à Léa avec un ton de reproche

Bon, puisque t'es pas capable de l'attraper ... rien que ça ... j'te propose de rentrer, j'vais continuer seul, mac doit battre la campagne à l'heure qu'il est, tu seras surement plus utile à ses côtés pour le rassurer qu'ici à faire fuir le gibier

Ce ton, si froid, si cinglant, si distant, il ne le prenais pas souvent, mais quand ça lui arrivait le résultat était toujours le même, ses amis n'en revenaient pas .
Il passa la tête et l'épaule dans le rouleau de corde, sortit sa dague et se remit en route, avançant vers le nord sans même se retourner, laissant son amie plantée là.
Il s'enfonça lentement dans la forêt, de plus en plus épaisse, complètement frigorifié mais terriblement décidé, c'était désormais pour lui une affaire personnelle ...

Bon, puisque t'es pas capable de l'attraper ... rien que ça ... j'te propose de rentrer, j'vais continuer seul, mac doit battre la campagne à l'heure qu'il est, tu seras surement plus utile à ses côtés pour le rassurer qu'ici à faire fuir le gibier

Je reste un moment interloquée devant la rudesse des paroles d'Aldric, ne sachant plus si j'allais riposter ou me taire .. de rage j'enlève mes gants et lui jete à la figure ..

- tiens prends au moins çà je m'en voudrai si il devait t'arriver quelque chose par ma faute .. puisque c'est comme çà je rentre .. oui JE RENTRE .. si tu ne peux comprendre ce que je ressents à l'instant même .. je ne suis même pas capable de l'expliquer .. mais c'est comme çà .. JE NE PEUX PAS ......

Je fis un rapide demi tour et m'enfonçai dans les sous-bois encore un peu éclairé par le clair de lune, en direction du dolmen afin de récupérer ma besace et surtout ma cape .. j'étais glacée jusqu'aux os ..

Il me restait encore un instinct de chasseur bien incrusté au fond de moi. On ne devient pas mouton quand on a été loup tout se vie. Malgré mon inquiétude concernant Léanice, j'éprouvais une certaine satisfaction en constatant que mes vieux réflexes n'avaient rien perdu de leur sureté.

Je m'engageai donc à la suite de chiens dans le sous-bois enneigé, veillant à ne pas faire crisser la neige ni briser une branche morte. Je ne savais pas ce que j'allais découvrir au bout de la piste...
Cette pensée me glaçait le coeur, me nouait le ventre. Bon sang Léa... Que lui était-il arrivé ?... Pourquoi était-elle venue seule en cet endroit... Je m'attendais au pire !

Je me forçais à ralentir l'allure, retenant les chiens en les appelant doucement à mes côtés chaque fois qu'ils s'éloignaient trop. Les braves bêtes semblaient avoir compris qu'il fallait éviter de faire trop de bruit car ils avaient cessé leurs jappements. Seuls de légers couinement leur échappaient parfois. Je savais que nous étions sur la bonne piste. Les traces étaient à présent bien visibles.
J'avais tiré ma dague de ma botte et la pointais en avant, marchant à demi courbé pour ne pas accrocher des branches basses risquant ainsi de dévoiler ma présence.
Après un temps qui me parut interminable, les chiens se mirent en arrêt en grognant légèrement. Je m'arrêtai aussitôt et tendis l'oreille.

De légers crissements me parvenaient !... Quelqu'un approchait !

À ma droite à quelques pas en avant, un énorme chêne se dressait, dominant un peu la sente que nous avions empruntée. J'emmenai les chiens derrière l'arbre en sortant de la sente afin que l'on ne puisse déceler nos traces sans avoir dépassé notre cachette.
Les crissements se faisaient de plus en plus perceptibles. L'homme marchait lentement, prenant soin de lever les pieds tant la neige était haute à cet endroit. Je ricanai cruellement... Il me dépasserait et gêné par la neige dans sa progression, il serait à ma merci... je pouvais, en un seul bond être sur lui avant qu'il ne puisse réagir.

Les pas étaient tout proches à présent. Je pouvais même entendre l'homme respirer bruyamment... il ne semblait pas se cacher... ou alors, il ne se doutait pas de ma présence et se croyait en sécurité.

Je ne pus résister à l'envie de voir à qui j'avais affaire, je voulais aussi savoir s'il était armé. Aussi dès que le bruit de ses pas m'indiqua qu'il était à la hauteur de l'arbre, je jetai un coup d'oeil sur la sente et vis sa silhouette de dos....

Un gamin...ou un tout jeune homme ... engoncé dans un épais gilet en peau de mouton... une dague au côté, il semblait frigorifié et tenait ses mains sous les aiselles pour les réchauffer.
Celui lui donnait une allure de pinguoin et sa marche s'en ressentait... Je n'en ferais qu'une bouchée.

C'est alors que, sans crier gare, les chiens se précipitèrent sur l'inconnu en aboyant joyeusement... j'en restai interloqué... Par tous les Dieux... c'en était fait de l'effet de surprise !

A peine remis de ma stupeur, je sortis précipitamment de derrière ma cachette, dague pointée et tombai en arrêt devant un spectacle pour le moins inattendu :
Les chiens tournaient en jappant autour de mon inconnu et lu prodiguaient des coups de langues affectueux tandis que je percevais des éclates de rires cristallins ..

Par Bélénos... ce rire !

Je m'approchai, baissant stupidement ma garde... j'avais reconnu le rire de Léanice ! Elle se tourna alors vers moi bousculée par Conny t me vit soudain.

Je la regardai... furieux et heureux tout à la fois !...

Après un moment de silence, je repris mes esprits :

- Par tous les Diables Léanice McTYLE, Que fais-tu ici ? !

J'avais de plus en plus de mal à avancer tant la couche de neige était épaisse, l'effort que je devais faire à chaque pas pour sortir mes bottes me coupait les jambes, j'étais glacée jusqu'aux os ce qui n'arrangeait pas la colère que j'avais contre Aldric qui m'avait laissé en plan, et je n'osais même pas penser à la réaction de Bosan quand il me verrait arriver dans cet état, il allait falloir ruser et déployer beaucoup de savoir faire pour calmer son courroux, à moins qu'il ne se soit pas encore aperçu de mon absence, ce qui vu l'heure avancée m'étonnait beaucoup ...

Encore un effort Léa .. me dis-je .. tu en as vu d'autres .. je savais le dolmen proche maintenant où j'allais pouvoir récupérer ma cape et m'y envelopper .. je n'avais même plus ma gourde de mirabelle que j'avais emporté, l'ayant laissé à Ald' .. et ma gorge me brulait de plus en plus ..

Essouflée et essayant de reprendre ma respiration, je m'arrête un instant, frottant mes bras de mes mains énergiquement afin d'essayer de ressentir un semblant de chaleur, quand soudain je fus projetée dans la neige par deux monstres poilus, ils tournaient autour de moi en jappant joyeusement tout en me débarbouillant la figure .. je ne pus m'empêcher d'éclater de rire quand je reconnus nos deux chiens ..

- CONNY !! .. NEILA .. mais que faites vous là ?? à peine eu-je prononcé ces mots que je réalisai soudain que si Conny et Neila étaient ici .. il y avait quelqu'un d'autre qui ne devait pas être tres loin ..

Tout en me relevant difficilement, mes yeux se posèrent sur une silhouette colossale qui venait de sortir de derrière le grand chêne .. je déglutis lentement .. il était là devant moi .. je fus aussitôt envahit d'une impression bizarre .. je ne l'avais jamais trouvé aussi grand qu'à ce moment précis .. je ne sais plus si je devais rire .. sourire .. parler ou ne rien dire .. il allait falloir là jouer fine ..

Je vis un éclair dans ses yeux qui ne présageait rien de particulièrement bon, bien qu'il y est quand même une expression de soulagement dans son regard .. mais il fallait que je me lance, prête à essuyer la tempête .. je m'avance lentement vers lui en lui tendant les bras ..

- Oh mon Amour .. heuuu ... je .. prends moi dans tes bras je t'en prie .. j'ai .. un peu froid ..

- Oh mon Amour .. heuuu ... je .. prends moi dans tes bras je t'en prie .. j'ai .. un peu froid ...

Il est des moments où l'on ne songe pas à réfléchir, à peser... on agit.

Ma pelisse était restée sur la croupe de Red avec celle de Léa. Je portais toujours une tunique de peau au dessus de ma chemise. Je l'ôtai rapidement et, restant en chemise, je couvris ma femme de ce vêtement. Puis, sans plus attendre, je l'enlevai dans mes bras et l'emportai vers les chevaux, presque en courant. Les chiens nous suivaient joyeusement, pour eux, c'était une promenade, un peu mouvementée, certes, mais cela les changeait de la monotonie de la vie au Manoir.

Je serrais Léanice contre moi, essayant de lui donner toute ma chaleur. J'avais l'impression que nous n'arriverions jamais aux chevaux !

Les premiers moments de surprise passés, reprenant mes esprits, je me posais mille questions quant à la présence de mon épouse en ces lieux, par ce temps et dans son état.
Peu à peu, l'inquiétude faisait place à de la colère.

Quelle inconsciente, me dis-je. Quelles que furent les raisons de cette escapade, elle aurait dû m'en avertir. Je lui en voulais de m'avoir mis dans un tel état d'inquiétude et je n'allais pas manquer de le lui faire savoir. Mais auparavant, je voulais la mettre en sécurité.
Aussi, lorsque nous arrivâmes enfin aux chevaux, je lui posai sa cape sur les épaules y ajoutant la mienne. Je ne sentais pas le froid et j'avais hâte de rentrer au Manoir afin de lui demander des explications.
A sa mine contrite, je vis qu'elle n'en menait pas large. Sans doute mon visage fermé et mes mâchoires serrées à en faire saillir les nerfs, était-il assez éloquent pour traduire mon humeur.

Sans un mot, je la hissai en selle. Ban, docile, ne broncha pas. Je m'assurai que Léa tenait bien en selle et, prestement, j'enfourchai l'étalon. Je saisis les rênes de Ban et, menant l'équipage, je me dirigeai au trot vers le Manoir, les chies batifolant dans la neige en jappant joyeusement.

[Suite au Grand Salon - La chasse au Renard]

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