Accouchement de Cathy

Kamui venait de poser délicatement Cathy sur le lit de la chambre jaune avant de s'écrouler à genoux, à bout de force. Al' s'avança vers l'homme épuisé et lui posa la main sur l'épaule.

Merci mon ami, merci pour tout ...

Puis il alla s'asseoir sur le bord du lit, déposa un tendre baiser sur le front de sa fiancé et lui prit la main, attendant que Briana revienne avec de l'aide. Il se rongeait les sangs, quand il y pensait, il était bien incapable de gérer l'accouchement tout seul. Chaque seconde qui passait ne faisait qu'accroitre son angoisse. Mais il essayait de dissimuler ses craintes et se mit à chuchoter au creux de l'oreille de Cathy d'une voix qui se voulait rassurante

Tu verras, tout va bien se passer, ne t'inquiètes pas, puis... Je t'aime

Cathy, allongée sur le lit, ouvrit les yeux et serra la main de son aimé avec tendresse. Le savoir auprès d'elle lui donna même la force d'esquisser un sourire.

Tu verras, tout va bien se passer, ne t'inquiètes pas, puis... Je t'aime

- Oui... Tout ira bien... Moi aussi je t'ai...

Une nouvelle douleur l'empêcha de terminer sa phrase et elle gémit en changeant sans cesse de position. La sueur roulait en fine gouttelettes sur son front, rejoignant les larmes de la peur qui l'avait reprise.
Elle avait envie de dire que c'était trop dur, qu'elle n'y arriverait pas, que quelque chose n'allait pas, qu'elle n'était pas prête mais elle ne voulait en aucun cas qu'on néglige le bébé pour la sauver, ça, elle savait qu'elle en mourrait. La petite vie qu'elle portait en elle devait absolument arriver indemne. Alors tout irait bien.

Je regarde Mel et Kamui en fronçant les sourcils .. et murmure ..

- non .. il faut se debrouiller là il est trop tard .. nous n'aurons pas de sage femme .. et ... oui donne moi la petite je vais là coucher, elle tombe de sommeil, j'ai justement fait mettre un berceau dans votre chambre au cas ou .. et je crois que j'ai bien fait .. je vais vite puis je descends chercher ce qu'il te faut .. mais tu as déjà une pile de langes propres sur le table derrière toi ..

Je pars vite avec la jolie Eleyonora dans les bras, je voyais ses grands yeux commencer à se fermer doucement .. ce qui me fit sourire .. comme j'avais hâte d'avoir mon bébé pensai-je ..

Il n'y aurait pas de sage femme, cela n'était pas pour rassurer Cathy, vraiment pas, son coeur battait déjà à tout rompre, la naissance allait être un cauchemar.
Tout se passait très vite... Cathy n'avait plus la notion du temps... Tout bourdonnait... On parlait autour d'elle et on murmurait... Mais soudain, elle était seule avec sa douleur... Pendant quelques instants, elle entendait lointaine la voix de Kamui, son regard était fixé devant elle...
Puis, tout aussi soudainement elle revint à la réalité.
Se penchant en avant, elle poussa de toutes ses forces pour expulser le bébé, laissant échapper un cri de douleur, mais le travail n'avançait pas, le bébé n'avançait pas et elle le sentait, elle était trop faible.
Se laissant retomber sur les oreillers, haletante, elle sanglota :

- N-non... C'est trop dur... Il faut... Il faut que ça s'arrête...

Quelque chose clochait, quelque chose ne se passait pas comme prévu, elle le savait, elle le sentait.
La douleur la consumait, elle avait l'impression qu'une flamme infernale brûlait son ventre, frappait ses tempes douleurs, brisait son dos.
Son corps n'était pas fait pour accueillir un enfant, et il le faisait ressentir maintenant.
Il fallait faire quelque chose, faire naitre le bébé à tout prix, même si sa vie était en jeu, Cathy était décidée à sauver son bébé même au péril de sa propre vie.
Et Aldric... Aldric était là près d'elle, sa main dans celle de son aimé la rassurait malgré mais lui semblait absent.
Entre ses cascades de larmes, elle murmura :

- Al je t'en supplie mon amour parle moi... J'ai besoin de toi...

Euu Cathy… ca ne va
pas… arrête de poussé… je vais devoir faire quelque chose qui va t’être
assai désagréable… bon bébé ne s’est pas retourné il nous montre ses
fesses au lieu se sa tête… je vais devoir t’aidée d’une autre façon si
non…

Tu est prète ?

Cathy aurait voulu dire que non, que jamais elle n'avait été aussi peu prête qu'aujourd'hui, mais elle ne pouvait pas, elle devait être prête pour son enfant, pour la vie qu'elle portait en elle. Puisant dans les forces qui lui restaient elle gémit :

- O-oui...

Ce qu'il fit alors manqua de lui faire perdre connaissance. La douleur et la main qui entrait en elle, malgré la situation qui différait, tout était réuni pour faire remonter en elle d'atroces souvenirs. Revint en elle à cet instant, comme autrefois, le désir de mourir, oui il semblait limpide que c'est ce qu'elle voulait. Mais elle secoua sa tête pour chasser ses pensées, elle devait vivre... Pour le bébé et pour Aldric...
Les hauts-le-coeur la secouaient mais elle tentait malgré tout de bouger le moins possible. Mais elle restait crispée malgré les paroles de Kamui.

Laisse toi faire je vais faire vite… on va le sauvé ce bout de choux tu va voir..

Les larmes roulaient sur son visage brûlant et elle sanglota d'une voix faible :

- Je n'y arrive pas...

Kamui prononça alors des paroles qui eurent pour effet de la terrifier, elle qui croyait que ça allait tout seul dès qu'il aurait remis le bébé en place, non d'après lui il fallait à nouveau pousser. Sa survie lui semblait de plus en plus incertaine mais elle sauverait le bébé.

allé Poouussseee… voilà c’est bien

Cathy se donnait de toutes ses forces, penchée en avant, elle cria en poussant de toutes ses forces. La contraction passée, elle se laissa tomber sur les oreilles, trop haletante pour que ce soit normal. Elle perdait beaucoup de sang, beaucoup trop de sang. La panique la faisait s'exprimer dans sa langue natale.

- Danneggia a molto… Non posso farlo… io non vi arriverò mai

allé Poouussseee encore une fois… voilà encore…

Cette fois, en se redressant, ce ne fut pas un cri qui s'échappait de sa gorge mais un hurlement, elle donnait tout pour son bébé. Sa main pourtant, malgré la douleur, ne serrait pas trop la main douce et rassurant de son aimé, elle la tenait tout simplement, comme on tient un porte bonheur.

Allé la ca va être le plus dur il faut lui faire passé les épaule et après se sera du gâteau…

Après... après... Son esprit n'était plus clair et elle poussait à présent machinalement à chaque contraction, hurlant de douleur, pleurant, mais son esprit semblait ailleurs alors que son corps souffrait mille douleurs...

voilà ma belle … tout nous a donné du fila a retordre hein… Aldric tu veut coupé le cordon ou non ?

C'était fini... Mais Cathy, plutot que de se sentir soulagée, émit un murmure, un faible murmure, avant de se laisser tomber sur les oreillers, un froid l'envahissant après la brulante, cuisante douleur de l'effort :

- Elenn...

Et elle ferma les yeux... Une vie allait elle s'éteindre alors qu'une autre venait de voir le jour ?

Kamui frictionnait la petite qui était bien pale. Le fait que la naissance dure aussi longtemps avait sans doute épuisé la petite tout autant que la mère. Il l'emmitoufla dans un lange quand il vit une tache de sang sur le lit, tache qui grandissait a vue d’œil. Il ne perdit pas de temps et trancha le cordon pour libérer l’enfant de sa mère, au diable les joies du père ,cathy perdait beaucoup de sang ....

Mel viens vite j’ai besoin d’un coup de main

il tendit la petite a mel…


Tien prend la petite fille de cathy et réchauffe la je crois qu’elle a très froid et est très fatiguée..

il s’approcha de cathy il l’avait peut être blessé en l’aidant a faire sortir l’enfant. Par chance c’était juste au bord. Il plaqua un lange sur la plaie

VVIIITTEE
Il me faut une aiguille vite et un peu d’alcool ..

Vous savez ce qu'est une peur panique ? N'avez vous jamais vécu un de ces instants ? Aussi déstabilisant qu'insoutenable, n'est ce pas ? Imaginez vous, quand la Panique vous envahit, comme un valet aux ordres de sa grande maîtresse la Peur. Quand cette dernière ordonne à son laquais de vous figer les membres jusqu'au bout des ongles, quand elle lui intime l'ordre de nouer votre gorge pour que plus même un miaulement ne puisse en sortir, quand encore elle lui commande de forcer vos pensées à s'entrechoquer dans un terrible chaos de confusion et de questionnement. A ce moment là, où plus rien autour n'a d'importance, seuls vos démons intérieurs comptent, remontant ainsi à la surface. La Peur rappelle à elle de nombreuses ombres, lambeaux d'autant de déchirures du passé ; les flammes, les morts, les larmes, le silence. Chacun a ses démons qui le rongent, à croire que la Peur est un instrument du Malin lui même. Mais quand la Panique entre dans la danse, alors là, c'est autre chose, on ne peut plus guère parler de crainte ou d'inquiétude ... Nous sommes alors bien loin de ça, nous entrons de plein pied dans la vraie Peur, la Peur profonde, celle qui vous rend incapable du moindre geste, de la moindre réflexion, celle qui vous laisse juste regarder. Regarder ces terribles images, un savant mélange entre vestiges du passé qu'on a cherché à enfouir, constat du présent sombre et projection du pire dans les instants à venir. Une déchirure, une terrible douleur dans la poitrine, elle vous enserre à vous couper le souffle, voilà ce que vous ressentez en vous, la douleur et la détresse... Il est bien difficile de s'arracher seul à une telle panique, elle vous entraine comme la mer déchainée enlèverait un malheureux marin passé par dessus bord, c'est une chute interminable, un grand vide ...

Et c'est exactement tout ce que ressentait Aldric à ce moment précis, une peur panique. Il était incapable de bouger, les yeux grands ouverts, fixés sur le corps inerte de Cathy, les bras tendus à mi-chemin vers la petite, il avait été interrompu dans son geste par la vue des paupières de sa belle se fermant, mais pas comme elles l'auraient faites si elle s'était tout simplement endormie du fait de la fatigue créée par l'accouchement, comme si elle abandonnait une lutte avec la vie. Après être resté un long moment ainsi, il n'aurait su dire combien de temps, ses jambes se dérobèrent, tombant ainsi à genoux, face au lit. Les mains serrant les draps de toute leurs force, les larmes coulant à verse le long de ses joues, il ferma les yeux, incapable de regarder plus longtemps ces images que la peur tenait à lui montrer. Mais rien n'y fit, une fois les yeux fermés, il voyait toujours ces horreurs défiler. Sa tête tomba contre le matelas, il était à présent muré dans un monde de souffrance, de douleur, et il y était seul...

Un moment atroce, Cathy ne criait plus, elle ne soufflait, plus rien d'autre que le silence. Le silence et les images sombres qui s'estompent peu à peu, chassées par les paroles encourageantes de Kamui. Les barbiers étaient ils choisis parmi la guilde des bouchers ? Le jeune breton n'aurait jamais pu recoudre sa fiancée à vif, heureusement qu'il était là le maire ... Il fit le nécessaire pour l'hémorragie cesse.

Attention ca va piqué cathy

Il ne put pas ouvrir les yeux à se moment précis, il savait que la vue du sang et des aiguilles transperçant la chaire de son aimée le rendraient plus que mal à l'aise. Il attendit donc que Kamui ai terminé sa besogne.

Voilà ca devrait allé maintenant.

A ce moment là, il ouvrit un œil, puis l'autre et se rendit alors compte que la poitrine de son ange se soulevait toujours, la mort n'avait pas réussi à l'emporter dans ses griffes. Cette constatation faite, il se releva, reprenant un peu espoir. Kam s'adressa alors à Mel en ces termes :

Tu devrais leur donné leur bout de chou mon ange elle va pas tardé a avoir faim en plus

Aldric s'avança donc, sourire aux lèvres et prit délicatement le nouveau né dans ses bras, la regarda tendrement un instant puis remercia Mel de s'en être occupé durant les instants qui venaient de s'écouler. Le jeune breton caressa délicatement la joue de sa fille, puis vint s'asseoir sur le lit, tout à côté de Cathy, toujours inanimée. Il se mit à murmurer à Elenn.

Tu vois, ta maman, elle m'a menti, elle m'avait juré de lutter contre la mort, et pourtant elle a abandonné, elle n'a pas hésité à nous laisser seuls tous les deux, tu te rends comptes ... "Excuse moi ma petite fée... Je n'apprendrai jamais à te connaître..." t'a t-elle dit ... Mais on ne vas pas l'excuser hein ? Je suis sûr que tu aimerais connaître ta maman toi aussi. Tu verras, elle va s'en sortir, et peut être qu'alors, on lui pardonnera d'accord ? Ta maman, elle a eu beau me décevoir, tu t'en rendras compte, c'est une femme très bien, généreuse et aimante, attentionnée... Je suis pressé qu'elle puisse te prendre dans ses bras, elle t'aime tu sais, tu représentes beaucoup pour elle, regarde, elle n'a pas voulu t'abandonner, même si c'est difficile de lutter pour elle ...

Sur ces mots, le métayer alla s'allonger à côté de sa fiancée, tenant la petite dans ses bras, il la déposa sur le matelas, entre Cathy et lui, espérant secrètement que la proximité de l'enfant réveille l'instinct maternel de Cathy et la force ainsi à se réveiller. Il resta là un long moment, à poser amoureusement ses yeux sur les deux amours de sa vie.

Les dures mais vraies paroles d'Aldric la firent plus souffrir que l'idée de partir sans lui. Cette idée seulement lui était insoutenable.

Elle aurait voulut partir comme le lui dictait son démon intérieur. << Tu as toujours été égoïste et c'était très bien comme ça ! Tu ne vas pas te mettre à souffrir pour rester avec un homme des plus communs et une gamine hein ?! >>
Son démon était vicieux, il connaissait les choses par lesquelles on devait passer pour effrayer Cathy. << Les corvées de cuisine et de linge, le ménage et les enfants,... >>

S'approchant de plus en plus de la lumière qui l'attirait, Cathy ne pouvait s'empêcher d'écouter et d'être d'accord avec son démon malgré sa nature mauvaise.

Pendant ce temps Aldric s'etait approché et allongé près de son corps inanimé.

Rien n'y faisait malheureusement, la jeune maman était fière de son travail et considerais son oeuvre comme achevée. Elle avait mit au monde le plus joli des bébés, rendant ainsi un papa heureux malgré ses paroles si aigres qui, si elle avait eut des larmes l'aurait sans aucun doute fait pleurer.

A cet instant, elle sentit une douce chaleur contre son bras. Elle tourna immédiatement le dos à la lumière pour voir la source de cette chaleur.

Ellenn...

Posée contre son bras, la petite fille était comme un signe, un appel à sa maman pour dire " j'ai besoin de toi ". Elenn semblait avoir faim et émissait des petits geignements pour le signifier.

Son âme, soudain, plus dictée par son démon mais par son instinc maternel, revint immédiatement habiter son corps après cette petite excursion.

La douleur mais aussi le bonheur revint quand elle ouvrirt faiblement les yeux.

Elle les posa sur sa fille et sourit avec cette même faiblesse. Heureuse de voir qu'elle allait bien cette adorable petite princesse.

Les détachant à regret de sa vie, Cathy regarda son fiancé avant de murmurer :

- Tu me pardonnes ?

Cathy sourit doucement et posa legerement sa main sur celle d'Aldric.

- Promis mon ange... Plus de coup comme celui là... Je t'aime... Merci d'avoir été là...
Bon... maintenant, pensons à nourrir la petite fée...

Elle savait qu'elle devait des remerciements à tout le monde mais là elle se concentra sur glisser son bras sous Ellen, la prendre lentement dans ses bras, défaire le haut de sa chemise de ses mains tremblantes et finir par doucement soulever la tête du bébé pour qu'elle soit confortablement installée pour boire.

Tout se passa comme il faut, lentement mais surement et à présent la petite Ellen prenait son premier repas, tendrement blottie contre sa maman qui admirait ce petit miracle.

Emue, blottie elle même contre son fiancé, elle tentait de retenir ses larmes de bonheur qui perlèrent néanmoins sur ses joues encore pâles.