Il m'arrivait parfois de regretter ma solitude... Celle où, des heures durant, je chevauchais, sillonnant les routes de France à la recherche de ma promise.
Regretter n'est pas vraiment le mot, plutôt une certaine nostalgie de cette paix, cette sérénité que donnent les longues heures de voyage où le silence n'est troublé que par des chants d'oiseaux et le "clop-clop" monotone des sabot de Big Red sur la terre sèche.
Certes, tout se liguait enfin autour de moi afin de me permettre d'entrevoir le bout du tunnel... la fin du voyage... l'aboutissement de ma Quête... et j'en étais heureux, au-delà de toute expression... de plus, ma douce Léa allait me donner un enfant... un fils peut-être...
Mais, depuis quelque temps, St Amand bourdonnait littéralement au point d'en devenir assourdissant, pour moi qui n'avait jusqu'ici jamais connu une vraie vie de famille depuis mon départ d'Irlande.
Aussi, une fois que tout fut rentré dans l'ordre ce soir, je me rendis au Grand Salon avec la ferme intention de m'affaller sur la grande banquette garnie de coussins et de peaux de bêtes, face à l'âtre crépitant et bienfaisant.
Las... la voix de ma douce aimée se faisait entendre : Il y avait encore quelqu'un au Salon... J'ouvris néanmoins l'huis et me trouvai face-à-face avec mon épouse et mon ami Jésus... Bon sang... je l'avais presque oublié !
J'appréciais cet homme jovial et discret, son amitié me faisait chaud au coeur et, ravalant mon besoin de solitude, je l'accueillis avec chaleur.
- Jésus, mon ami... J'ai manqué à tous mes devoirs d'hôte en te plantant là... heureusement que mon épouse est moins rustre que moi !... Allons, viens t'asseoir près du feu... Léa, mon ange... joins-toi )ànous un moment... puis, nous irons prendre un peu de repos... nous l'avons tous mérité !
Au passage, j'empoignai une jolie carafe de mirabelle et trois godets en étain, puis je rejoignis Léa et Jésus près de l'être. Je remplis généreusement les gobelets et m'assis auprès d'eux en soupirant d'aise.
- Aaaah... Le ciel peut bien me tomber sur la tête... je ne bougerai pas d'un pouce... si ce n'est pour aller me blottir auprès de ma Colombe sous un édredon moelleux !... Slainthe, mes amis... que le bonheur nous envahisse à jamais !
- Mais, dites moi... de quoi parliez-vous avant mon arrivée ?