Et si la simplicité m'étais conté...

Invité

Les cieux, comme à leur habitude, étaient sombres, aucun rayon de soleil n'y transparaissaient et il semblait qu'un orage était sur le point d'éclater mais ce n'était qu'une impression... Le vent était léger, la soutenait avec délicatesse comme les caresses d'une mère à son enfant et la portait légèrement vers son but.
Elle avait longtemps marché dans la terre sèche, entre les arbres, sur le large sentier, avant de tomber enfin sur le domaine qu'elle devinait au loin. Elle ralentit le pas, profitant de ces instants qu'elle savaient courts. Bientôt, elle retournerait à Limoges, reprendre ces menus travaux. Autant profiter. Malgré sa tenue assez légère, elle n'était pas gênée par la fraîcheur qui lui mordait la peau à travers son bustier. La brise légère que secouait les arbres s'engouffrait dans son mantel dont elle s'était munie. Lentement, elle leva les yeux au ciel. Elle voyait quelques parcelles azurés de celui-ci de temps à autres, entre les branchages peu serrés des grands arbres à l'écorce sombre. Elle vit passer, à un instant, sa buse. Elle fut à vrai dire étonnament surprise qu'elle l'ai suivit jusqu'à là... Mais cela la fit sourire...

Les yeux rivés sur la voûte fournie des feuilles, elle était perdue dans ses pensées et ne regardait pas du tout où elle allait. Sa longue chevelure rousse, se balançait derrière elle souplement. Ses yeux, émeraudes, étaient mis-clos et elle rêvassait un peu. C'est pour cela qu'elle ne remarqua pas un instant qu'elle était arrivée devant le domaine et qu'elle heurtait brutalement une personne. Reprenant brusquement ses esprits, elle bondit en arrière, posant sa main sur la garde de la grande épée qui pendait à sa hanche gauche. C'était un réflexe, et si elle n'avait pas vu son vis à vis tomber, elle l'aurait attaqué. Par habitude, sans essayer de réfléchir. Cependant, en voyant que ce n'était pas une provocation ni une agression quelconque, elle se détendit légèrement...

Elle pris le risque de lever rapidement les yeux pour essayer de reconnaitre son agresseur, agressé... Elle sourit en coin se disant qu'elle ne pouvait décidément rien faire comme les autres...

Ce matin, la tête emplie de pensées et de réflexions diverses, j'avais une migraine de tous les diables... Oh, j'avais bien essayé une tisane de verveine et mangé copieusement... rien n'y fit...
Il me faudrait attendre que cela passe.
J'avais pris ma garde, comme tous les jours depuis une semaine sans prendre beaucoup de repos. Les nouvelles étaient inquiétantes... bruits de guerre, recrudescence du brigandage, grogne générale... Pour couronner le tout, Léa avait fait un malaise en Taverne hier et son état me tracassait un peu. La taverne ne désemplissait pls - ce qui n'était pas fait pour me déplaire - mais c'était, là aussi, un surcroït de travail.

C'est en maugréant donc que je m'habillai prestement après m'être rafraîchi pour commencer une nouvelle journée de travail... fichus rapports... pffff... Pour ajouter encore à ma mauvaise humeur, un ciel bas et une masse nuageuse derrière laquelle on devinait un timide soleil... L'hiver n'en finissait pas et les abords du Manoir étaient encore d'une blancheur immaculée malgré la température qui semblait s'adoucir quelque peu.

Je sortis de la bâtisse et, c'est presque en courant que je me dirigeais vers les écuries.

Je regardais le ciel mélancoliquement, y cherchant en vain une trouée lumineuse lorsque mon regard fut attiré par le vol d'une magnifique buse... elle semblait baguée... Et tout à mes observations, je me heurtai violemment à quelque chose... m'empêtrant dans ma pelisse que je n'avais pas encore jetée sur mes épaules, je me retrouvai les quatre fers en l'air !

- PAR TOUS LES DIEUX !!!... criai-je en portant la main à ma bâtarde.

Je n'achevai pas mon geste car, brutalement revenu à la réalité je vis devant moi une silhouette assez familière pour que je puisses la reconnaître... Mantel couleur de nuit et chevelure de feu... Je me radoucis aussitôt.

- Eweale... Madame la Comtesse.. enfin... Ewa ... Mais par Lug...

Je me relevai le plus dignement possible... vu l'état de mon kilt... Me rajustai rapidement en ramassant ma pelisse et m'approchai d'elle :

- By Jove Ewa... Si je m'attendais...Pardonnes-moi... je ne regardais pas où j'allais... enfin... si, je savais où aller , mais je ne m'attendais pas à te voir... Enfin... euh... voilàvoilàvoilà...

La belle rouquine me dévisageait avec un air mi-figue, mi-raisin... partagée sans doute entre l'envie de rire de ma déconvenue et, peut-être gênée de m'avoir mis à terre involontairement. Je me sentais, il faut le dire, un peu benêt... et aussi, je me serais flanqué des claques... n'importe qui eût pu m'agresser sans que je puisses réagir... Mac, tu es un âne... tu n'apprendras donc jamais !...

- Excuses cet accueil peu digne... Puis-je t'inviter à entrer pour me faire pardonner ? Le manoir, bien qu'austère est confortable et bien chauffé... Et nous ne manquons pas de... remontants... Mon neveu m'a même rapporté quelques tonnelets de Uiscè de la patrie...

Déjà, je lui pris le bras galamment, l'invitant à m'accompagner.

Invité

Le temps passa, lentement. Trop calme et serein pour s'inquiéter que le temps passe, elle se contentait de regarder devant elle à la manière d'une statue car pas la moindre parcelle de son corps ne bougeait. Elle ne clignait pas des yeux et c'était à peine si sa poitrine se soulevait sous l'effet de sa respiration... Elle était une statue parfaite qui attendait la manifestation de cette personne...

Dès l'instant où elle le vit réagir, ce fut le doute qui la prit. Même si son regard resta aussi impénétrable qu'avant, juste froid et dur, brillant simplement d'un éclat étrange, elle était parcourue de pensées confuses. Sans réagir, la main posée sur la garde délicatement décorée de son épée, elle l'observa. Ses mouvements étaient souples, gracieux. Mais comment savoir ce qu'il était vraiment ? Ce n'était qu'un corps. Et elle était bien placée pour savoir que les apparences sont trompeuses...

Le temps de secouer la tête et de se rendre compte de son erreur... Mc... Je... je suis ma foi confuse... Elle leva les yeux au ciel en rengainant son arme... Le pauvre était les deux fers en l'air dans une position peu adéquat... Se qui étira un fin sourire sur les lèvres de la jeune femme, elle tourna la tête pour ne pas le gêner... Balayant la plaine du regard, Ewa s'assura qu'il n'y avait personne d'autre tout en laissant passer ce regard pour ce qu'il n'était pas : un tour d'horizon dans le but d'admirer les alentours.

Puis il prit la parole et elle l'écouta, il s'excusait alors qu'elle était autant fautive que lui de ce qui venait de se passer... Ce n'est pas grave Mc, j'espère parcontre que tu ne t'es pas... euhhh... Le sourire se fit en coin en détaillant l'homme qui lui faisait face... Fait mal... Décidément se dit elle, elle ne ferait jamais rien de commun... A peine arrivée que déjà elle faisait une entrée fracassante... Pauvre d'elle, si son père était encore de se monde il s'arracherait sans doute les cheveux... Mais la rousse ne savait plus qu'elle attitude tenir, garder son calme intérieur et ne pas faire cas de se qui venait de se passer ou alors laisser échapper un rire cristallin pour le ridicule de la situation... Elle se tenue, ne pas mettre mal à l'aise son hôte, il manquerait plus que ça...

Je suis ravie d'être ici et je vous remercirais jamais assez de cette invitation qui m'a fort touché je dois l'admettre... Elle laissa glisser sa main sur son avant bras qu'il lui présentait afin de faire une entrée en cette demeure, un peu plus adaptée à la situation ou a leur rang qui sait...

Les premiers moments de gêne passés - après tout, nous étions de vieilles connaissances, Ewaele et moi... compatriotes de surcroît - je repris mon assurance habituelle.

- Je crois que nous ne ferons jamais rien comme les autres ! lui dis-je en riant... C'est sans doute cela qui nous mets à 'abri des turpitudes de ce monde... même si nous en sommes parfois affectés.

Je la guidai, souriant, jusqu'à l'entrée principale du Manoir, lui ouvris la lourde porte cloutée et m'effaçai pour la laisser entrer. Une fois dans le grand hall garni de mes souvenirs d'Irlande, je la précédai jusqu'à l'entrée du Grand Salon.

- Voilà... Sois la bienvenue à St Amand...modeste enclave Irlandaise en Terre Limousine. Installes toi, lui dis-je en lui désignant la longue banquette garnie de peux faisant face à la cheminée monumentale dans laquelle crépitait joyeusement un grand feu réconfortant.

- Je suppose qu'un petit remontant ne nous fera pas de tort... ajoutai-je en me dirigeant vers le grand bahut sur lequel trônait un tonnelet, une carafe de cristal et des gobelets d'étain.

[ Suite au Grand Salon - Une pause, un répit...]